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VI

engouement passager. On ne saurait disconvenir cependant qu’il y eut entre le copiste et le modèle une différence notable. Madame la comtesse d’Aulnoy justifie un peu trop le reproche qu’on a l’habitude d’adresser aux personnes de son sexe ; ses récits sont attachants, mais en général beaucoup trop longs et remplis de détails inutiles. Nous avons cru pouvoir corriger ce défaut dans la nouvelle édition des contes choisis que nous publions aujourd’hui.

Marie-Catherine-Jumelle de Berneville, comtesse D’Aulnoy, était déjà connue par différentes publications, quand elle donna ses Contes des Fées ; on a d’elle un roman qui se lit encore, l’Histoire d’Hippolyte, comte de Duglas. Madame D’Aulnoy passa une partie de sa vie à la cour d’Espagne ; elle fit paraître en 1692 deux volumes de Mémoires sur cette cour. Elle se livra encore à d’autres travaux historiques peu estimés.

C’est une chose digne de remarque que Perrault et madame D’Aulnoy ne doivent leur célébrité qu’à celui de leurs écrits auquel ils attachaient le moins d’importance. Qui se souviendrait aujourd’hui de ces deux auteurs s’ils n’avaient fait leurs Contes des Fées ?

Une circonstance dramatique marqua la vie de madame la comtesse D’Aulnoy. Le comte son mari fut accusé du crime de lèse-majesté par trois imposteurs. Son procès fut instruit. Les accusateurs maintenaient leurs premières dépositions. La perte du comte paraissait certaine : il était sur le point d’être condamné à mort, quand madame D’Aulnoy décida par son éloquence entraînante et son désespoir un de ces malheureux à rétracter sa calomnie. Elle eut ainsi le bonheur et la gloire de sauver son époux.

Madame D’Aulnoy vécut presque toujours à la cour et dans la plus haute société, où son esprit la faisait rechercher ; elle fut