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FINETTE CENDRON

La reine avait beaucoup d’esprit ; elle lui demanda huit jours pour y rêver. Au bout de ce temps, elle lui dit : Sire, il ne faut point nous affliger, vous n’avez qu’à faire des filets dont vous prendrez des oiseaux à la chasse et des poissons à la pêche ; pendant que les cordelettes s’useront, je filerai pour en faire d’autres. À l’égard de nos trois filles, ce sont de franches paresseuses, qui croient être de grandes dames, elles veulent faire les demoiselles ; il faut les mener si loin, si loin, qu’elles ne reviennent jamais, car il serait impossible que nous puissions leur fournir assez d’habits à leur gré.

Le roi commença de pleurer, quand il vit qu’il fallait se séparer de ses enfants : il était bon père, mais la reine était la maîtresse.

Il demeura donc d’accord de tout ce que la reine voulait ; et lui repondit : Levez-vous demain de bon matin, et prenez vos trois filles, pour les mener où vous jugerez à propos. Pendant qu’ils complotaient cette affaire, la princesse Finette, qui était la plus petite des filles, écoutait par le trou de la serrure ; et quand elle eut découvert le dessein de son papa et de sa maman, elle s’en alla tant qu’elle put à une grande grotte, fort éloignée de chez eux, où demeurait la fée Merluche, qui était sa marraine.

Finette avait pris deux livres de beurre frais, des œufs, du lait et de la farine, pour faire un excellent gâteau à sa marraine, afin d’en être bien reçue. Elle commença gaîment son voyage ; mais plus elle allait, plus elle se lassait. Ses souliers s’usèrent jusqu’à la dernière semelle, et ses