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FINETTE CENDRON

rement, qu’il semblait que ce fût un oiseau. Il s’arrêta à l’entrée de la grotte, comme s’il en avait su le chemin, et il le savait bien aussi, car c’était Merluche qui, ayant deviné que sa filleule la voulait venir voir, lui avait envoyé ce beau cheval.

Quand elle fut entrée, elle fit trois grandes révérences à sa marraine, et prit le bas de sa robe qu’elle baisa, et puis elle lui dit : Bonjour, ma marraine, comment vous portez-vous ? Voilà du beurre, du lait, de la farine et des œufs que je vous apporte pour vous faire un bon gâteau à la mode de notre pays. — Soyez la bienvenue, Finette, dit la fée ; venez que je vous embrasse. Elle l’embrassa deux fois, dont Finette resta très joyeuse, car madame Merluche n’était pas une fée à la douzaine. Elle dit : Çà, ma filleule, je veux que vous soyez ma petite femme de chambre ; décoiffez-moi et me peignez. La princesse la décoiffa et la peigna le plus adroitement du monde. Je sais bien, dit Merluche, pourquoi vous venez ici. Vous avez écouté le roi et la reine qui veulent vous mener perdre, et vous voulez éviter ce malheur. Tenez, vous n’avez qu’à prendre ce peloton, le fil n’en rompra jamais. Vous attacherez le bout à la porte de votre maison, et vous le tiendrez à votre main. Quand la reine vous aura laissée, il vous sera aisé de revenir en suivant le fil.

La princesse remercia sa marraine, qui lui remplit un sac de beaux habits, tous d’or et d’argent. Elle l’embrassa ; elle la fit remonter sur le joli cheval, et en deux ou trois moments, il la rendit à la porte de la maisonnette de Leurs Majestés. Finette dit au cheval : Mon petit ami, vous êtes beau