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FINETTE CENDRON.

le fouet. Le roi regarda comme elle lui avait dit, et dès qu’il l’eut reconnue, il leur ouvrit. La reine fit semblant d’être bien aise de les revoir, elle leur dit qu’elle avait oublié quelque chose, qu’elle l’était venu chercher ; mais qu’assurément elle les aurait été retrouver. Elles feignirent de la croire, et montèrent dans un beau petit grenier, où elles couchaient.

Çà, dit Finette, mes sœurs, vous m’avez promis une poupée, donnez-la-moi. — Vraiment tu n’as qu’à t’y attendre, petite coquine, dirent-elles, tu es cause que le roi ne nous regrette pas. Là-dessus, prenant leurs quenouilles, elles la battirent comme plâtre. Quand elles l’eurent bien battue, elle se coucha ; et comme elle avait tant de plaies et de bosses, elle ne pouvait dormir, et elle entendit que la reine disait au roi : Je les mènerai d’un autre côté, encore plus loin, et je suis certaine qu’elles ne reviendront jamais.

Quand Finette entendit ce complot, elle se leva tout doucement pour aller voir encore sa marraine. Elle entra dans le poulailler, elle prit deux poulets et un maître coq, à qui elle tordit le cou, puis deux petits lapins que la reine nourrissait de choux, pour s’en régaler dans l’occasion ; elle mit le tout dans un panier et partit. Mais elle n’eut pas fait une lieue à tâtons, mourant de peur, que le cheval d’Espagne vint au galop, ronflant et hennissant ; elle crut que c’était fait d’elle, que quelques gens d’armes l’allaient prendre. Quand elle vit le joli cheval tout seul, elle monta dessus, ravie d’aller si à son aise : elle arriva promptement chez sa marraine.