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LA PRINCESSE ROSETTE.

le hannetou bras dessus, bras dessous ; ils se firent grande amitié, et dînèrent ensemble ; ils virent avec admiration toutes les curiosités de ce pays-là, où la plus petite feuille d’arbre vaut une pistole. Après cela, ils partirent pour achever leur voyage ; et comme ils savaient le chemin, ils ne furent pas longtemps sans arriver. Ils voyaient tous les arbres chargés de paons ; et tout en était si rempli, qu’on les entendait crier et parler de deux lieues.

Le roi disait à son frère : Si le roi des paons est un paon lui-même, comment notre sœur prétend-elle l’épouser ? Il faudrait être fou pour y consentir. Voyez la belle alliance qu’elle nous donnerait ; des petits paonneaux pour neveux. Le prince n’était pas moins en peine. C’est là, dit-il, une malheureuse fantaisie qui lui est venue dans l’esprit, je ne sais où elle a été deviner qu’il y a dans le monde un roi des paons.

Quand ils arrivèrent à la grande ville, ils virent qu’elle était pleine d’hommes et de femmes ; mais qu’ils avaient des habits faits de plumes de paons, et qu’ils en mettaient partout comme une fort belle chose. Ils rencontrèrent le roi,