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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

marié : il était bien fait et fort riche. Quand il eut appris tout ce qu’on disait de la Belle aux Cheveux d’Or, bien qu’il ne l’eût point encore vue, il se prit à l’aimer si fort, qu’il se détermina à la faire demander en mariage. Il fit faire un carrosse magnifique à son ambassadeur ; il lui donna plus de cent chevaux, autant de laquais, et lui recommanda bien de lui amener la princesse.

Quand il eut pris congé du roi et qu’il fut parti, toute la cour ne parlait d’autre chose ; et le roi, qui ne doutait pas que la Belle aux Cheveux d’Or ne consentît à ce qu’il souhaitait, lui faisait déjà faire de belles robes et des meubles admirables. Pendant que les ouvriers étaient occupés à travailler, l’ambassadeur, arrivé chez la Belle aux Cheveux d’Or, lui fit son petit message : mais, soit qu’elle ne fût pas ce jour-là de bonne humeur, ou que le compliment ne lui semblât pas à son gré, elle répondit à l’ambassadeur qu’elle remerciait le roi, et qu’elle n’avait point envie de se marier.

L’ambassadeur partit de la cour de cette princesse, bien triste de ne la pas amener avec lui ; il rapporta tous les présents qu’il lui avait portés de la part du roi ; car elle était fort sage et savait bien qu’il ne faut pas que les filles reçoivent rien des garçons ; aussi elle ne voulut pas recevoir les beaux diamants que le roi lui envoyait.

Quand l’ambassadeur revint à la cour du roi son maître, où il était attendu très impatiemment, chacun s’affligea de ce qu’il n’amenait point la Belle aux Cheveux d’Or, et le roi eut tant de chagrin, qu’on ne pouvait venir à bout de le consoler.