Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/182

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Le ciel veille pour nous ; et lorsque l'innocence
Se trouve en un pressant danger,
Il sait embrasser sa défense,
La délivrer et la venger.
A voir la timide Rosette,
Ainsi qu'un alcyon, dans son petit berceau,
Au gré des vents voguer sur l'eau,
On sent en sa faveur une pitié secrète ;
On craint qu'elle ne trouve une tragique fin
Au milieu des flots abîmée,
Et qu'elle n'aille faire un fort léger festin
A quelque baleine affamée.
Sans le secours du ciel, sans doute, elle eût péri.
Frétillon sut jouer son rôle
Contre la morue et la sole,
Et quand il s'agissait aussi
De nourrir sa chère maîtresse.
Il en est bien en ce temps-ci
Qui voudraient rencontrer des chiens de cette espèce.
Rosette échappée au naufrage,
Aux auteurs de ses maux accorde le pardon.
O vous à qui l'on fait outrage,
Qui voulez en tirer raison,
Apprenez qu'il est beau de pardonner l'offense
Après que l'on a su vaincre ses ennemis,
Et qu'on en peut tirer une juste vengeance :
C'est ce que notre siècle admire dans LOUIS.