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LA CHATTE BLANCHE.

du cadet. Il était gracieux, il avait l’esprit gai et réjouissant, la tête admirable, la taille noble, les traits réguliers, de belles dents, beaucoup d’adresse dans tous les exercices qui conviennent à un prince. Il chantait agréablement, il touchait le luth et le téorbe, avec une délicatesse qui charmait. Il savait peindre ; en un mot, il était très accompli, et avait de la valeur jusqu’à l’intrépidité.

Il n’y avait guère de jours qu’il n’achetât des chiens, de grands, de petits, des lévriers, des dogues, limiers, chiens de chasse, épagneuls, barbets, bichons ; dès qu’il en avait un beau, et qu’il en trouvait un plus beau, il laissait aller le premier pour garder l’autre ; car il aurait été impossible qu’il eût mené tout seul trente ou quarante mille chiens, et il ne voulait ni gentilshommes, ni valets de chambre, ni pages à sa suite. Il avançait toujours son chemin, n’ayant point déterminé jusqu’où il irait, lorsqu’il fut surpris de la nuit, du tonnerre et de la pluie dans une forêt dont il ne pouvait plus reconnaître les sentiers.

Il prit le premier chemin, et après avoir marché longtemps, il aperçut un peu de lumière ; il se dirigea de ce côté, et arriva à la porte d’un château, le plus superbe qui