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LA CHATTE BLANCHE.

fus, car il était impossible de trouver rien à dire à la beauté du toutou.

Cependant il n’avait aucune envie de se défaire de sa couronne. Le plus petit fleuron lui était plus cher que tous les chiens de l’univers : Il dit donc à ses enfants qu’il était satisfait de leurs peines, mais qu’ils avaient si bien réussi dans la première chose qu’il avait souhaitée d’eux, qu’il voulait encore éprouver leur habileté avant de tenir parole ; qu’ainsi il leur donnait un an à chercher une pièce de toile si fine, qu’elle passât par le trou d’une aiguille à faire du point de Venise. Ils demeurèrent tous trois très : affligés d’être en obligation de retourner à une nouvelle quête. Les deux princes, dont les chiens étaient moins beaux que celui de leur cadet, y consentirent. Chacun partit de son côté, sans se faire autant d’amitié que la première fois, car le tourne-broche les avait un peu refroidis.

Notre prince reprit son cheval de bois, et sans vouloir chercher d’autres secours que ceux qu’il pourrait espérer de l’amitié de Chatte blanche, il partit en toute diligence, et retourna au château où elle l’avait si bien reçu. Il en trouva toutes les portes ouvertes, les fenêtres, les toits, les tours et les murs étaient bien éclairés de cent mille lampes, qui faisaient un effet merveilleux. Les mains qui l’avaient si bien servi s’avancèrent au-devant de lui, prirent la bride de l’excellent cheval de bois qu’elles menèrent à l’écurie, pendant que le prince entra dans la chambre de Chatte blanche.

Elle était couchée dans une petite corbeille, sur un ma-