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LA CHATTE BLANCHE.

fait mettre prisonnière avec colère et emportement. Il la pria, les larmes aux yeux, d’oublier les déplaisirs qu’il venait de lui causer. Elle répliqua qu’elle se les était attirés par l’imprudence qu’elle avait eue de promettre sa fille aux fées ; et que si quelque chose la pouvait rendre excusable, c’était l’état où elle était ; enfin il lui déclara qu’il voulait me remettre entre leurs mains : La reine à son tour combattit ce dessein. Après qu’elle eut bien gémi et pleuré, sans rien obtenir de ce qu’elle souhaitait, elle consentit à ce qu’il désirait, et l’on prépara tout pour la cérémonie.

Je fus mise dans un berceau de nacre de perle, et toute la cour m’accompagna, chacun dans son rang.

Pendant que l’on montait la montagne, on entendit une mélodieuse symphonie qui s’approchait ; enfin les fées parurent, au nombre de trente-six. Elles portaient une branche d’olivier, pour signifier au roi que sa soumission trouvait grâce devant elles ; et lorsqu’elles me tinrent, ce furent des caresses si extraordinaires, qu’il semblait qu’elles ne voulaient plus vivre que pour me rendre heureuse.

Le dragon qui avait servi à les venger contre mon père, venait après elles attaché avec des chaînes de diamants. Les trois fées à qui ma mère m’avait promise, s’assirent dessus, mirent mon berceau au milieu d’elles, et frappant le dragon avec une Baguette, il déploya aussitôt ses grandes ailes écaillées, elles se rendirent ainsi à leur château. Ma mère me voyant en l’air exposée sur ce furieux dragon, ne put s’empêcher de pousser de grands cris. Le roi la consola, par l’assurance que son amie lui avait donnée,