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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II


XXV. Ce que les Grecs entendent par les mots ἀναλογία analogie, ἀνωμαλία anomalie.


On a beaucoup discuté pour savoir si l'on doit, en latin comme en grec, se laisser guider par l'analogie ou par l'anomalie. L'analogie est la déclinaison semblable des mots semblables, on l'appelle quelquefois proportio en latin. L'anomalie est une irrégularité de déclinaison, fondée sur l'usage. Deux célèbres grammairiens grecs, Aristarque et Cratès, ont défendu avec une égale ardeur, l'un l'analogie, l'autre l'anomalie. M. Varron, dans son livre huitième sur la Langue latine, dédié à Cicéron, enseigne que l'on ne tient aucun compte de l'analogie ; il montre que dans presque tous les mots on obéit à l'usage. Écoutons Varron lui-même. « Nous disons : lupus, lupi ; probus, probi ; mais on dit lepus, leporis. Paro fait au parfait paravi ; mais lavo fait lavi ; pungo donne pupugi ; tundo, tutudi ; mais pingo donne pinxi. Si les verbes cœno, prandeo, poto, font au parfait cœnatus sum, pransus sum, potus sum ; les verbes adstringeor, extergeor, lavor, font adstrinxi, extersi et lavi. Bien que des mots Oscus, Tuscus, Graecus, nous formions les adverbes Osce, Tusce, Graece ; cepen-