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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II


apporte deux faucilles, l'une pour moi, l'autre pour toi, et nous couperons nos blés nous-mêmes demain. » A peine les petits ont-ils rapporté ces paroles à leur mère, que celle-ci s'écrie : « C'est maintenant qu'il faut déloger et se retirer d'ici, car, sans aucun doute, le maître fera ce qu'il a dit, puisque l'afiaire est entre les mains de celui qu'elle intéresse, et qu'il ne la confie à personne. » Là-dessus l'alouette abandonna son nid, et le maître vint moissonner son champ. » Telle est la fable qu'Ésope a composée pour montrer combien peu l'on doit compter sur les secours des amis et des proches. Les livres des philosophes nous donnent-ils des enseignements plus sages ? ne nous avertissent-ils pas de chercher toutes nos ressources en nous, de ne jamais regarder comme notre bien, comme notre propriété ce qui est indépendant de notre volonté ?

Cet apologue d'Ésope a été imité par Q. Ennius, dans ses satires, dans des vers ïambiques de huit pieds, pleins d'élégance et de grâce. Les deux vers qui terminent cette pièce ne sont pas indignes, à mon avis, d'être appris par cœur; les voici :

« Ayez toujours cette maxime présente à l'esprit : ne demandez pas à vos amis une chose que vous pouvez faire vous-même. »