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AULU-GELLE


énigmes ; personne, assurait-il, n’avait étudié mieux que lui la science de la morale, la nature de l’esprit humain, les différentes vertus, les devoirs qui en découlent, les penchants qui s’en éloignent ou s’en rapprochent, les passions, les vices, les souillures, les maladies de l’âme ; il affirmait que ni les souffrances physiques ni les dangers qui peuvent occasionner la mort, rien ne pouvait atténuer ni troubler cet état de bonheur parfait qu’il croyait avoir atteint ; que la sérénité du stoïcien ne peut être obscurcie par aucun nuage. Comme ce fanfaron n’en finissait pas, et que tout le monde en était excédé, Hérode Atticus prend la parole, en grec, comme il le faisait souvent : « Grand philosophe, dit-il, puisque nous ne pouvons te répondre, étant trop grossiers et trop ignorants pour lutter avec toi, permets que je te fasse connaître, d’après un de ses traités, ce qu’a pensé et ce qu’a dit de ton bavardage impudent Épictète, le plus illustre des stoïciens. » Aussitôt il fait apporter le second livre des leçons d’Épictète mis en ordre par Arrien. Dans ce traité, ce respectable vieillard adresse de justes reproches à ces jeunes gens qui, se disant stoïciens sans avoir ni vertu ni zèle pour le bien, s’amusent à des spéculations sans importance, à des commentaires puérils sur les pre-