Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/280

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étonnante et la plus merveilleuse : « J’étais, dit-il, esclave du proconsul qui gouvernait la province d’Afrique ; les coups et les mauvais traitements dont j’étais accablé tous les jours, sans les avoir mérités, me déterminèrent à prendre la fuite ; et, pour échapper aux poursuites d’un maître tout-puissant dans cette province, je cherchai une retraite dans les sables et dans les déserts, résolu de me donner la mort, n’importe comment, si je venais à manquer de nourriture. Je marchais brûlé par les rayons ardents du soleil, alors au milieu de sa course, lorsque je trouvai sur mon chemin un antre ténébreux, isolé ; j’y pénètre, je m’y cache. Peu d’instants après, je vis arriver ce lion, marchant avec peine ; une de ses pattes était toute sanglante ; il poussait des rugissements et des cris affreux que lui arrachait la douleur causée par sa blessure. D’abord la vue de ce lion qui se dirigeait de mon côté me glaça de terreur et d’effroi ; mais, dès qu’il m’eut aperçu au fond de l’antre qui évidemment lui servait de repaire, il avance d’un air doux et soumis, il lève sa patte, me la présente, me montre sa blessure et semble me demander du secours ; alors j’arrache une grosse épine enfoncée entre ses griffes, je presse la plaie et j’en fais sortir le pus qui