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AULU-GELLE


mandant de se parjurer pour faire triompher sa cause, il répondit :

« Pour un ami, il faut tout sacrifier, excepté les dieux » .

Théophraste, dans le traité déjà cité, entre plus avant dans son sujet que Cicéron ; il est plus profond, plus exact dans sa discussion. Mais Théophraste lui-même n’examine pas non plus chaque cas en particulier ; il ne prouve jamais ce qu’il avance d’une manière précise ; il embrasse tout son sujet et le traite en général ; voici à peu près son raisonnement : Nous devons, dit-il, encourir un faible blâme ou un déshonneur léger, si par ce moyen nous pouvons procurer à un ami un avantage notable ; le léger dommage fait à notre honneur est largement compensé par le mérite d’avoir aidé un ami ; cette tache, cette brèche faite à notre réputation disparaît par l’importance du service rendu à l’amitié. Ne nous laissons pas effrayer par des mots, ajoute-t-il, sous prétexte que notre honneur et l’intérêt de notre ami ne sont pas également précieux en eux-mêmes ; en pareille matière, ce ne sont ni les mots ni leur valeur qui doivent nous décider, mais bien le poids, la gravité des circonstances ; et si, pour obliger un