mier siège qui se trouve sous la main, et, pendant qu'on en va
chercher d’autres, Taurus invite le père du proconsul à s’y placer ;
mais celui-ci refuse en disant: « Que mon fils le prenne;
il est magistrat du peuple romain. — Sans préjudice de la dignité
de ton fils, répond Taurus, assieds-toi, et nous examinerons
ensmble lequel de vous deux doit s’asseoir le premier ; si le
siège de père doit l’emporter sur les droits du magistrat. » Enfin,
le père s’étant assis, et le siège pour le proconsul ayant été apporté,
Taurus se mit à disserter, et avec quelle justesse ! sur la
différence et les égards que les pères et les fils se doivent réciproquement.
Voici le précis de sa dissertation : « Lorsqu’un fils parait
dans les lieux publics, lorsqu’il remplit ses fonctions de magistrat
le père doit abdiquer ses droits et céder la place pour un
moment; mais, hors des affaires publiques, dans la famille, dans
toutes les circonstances de la vie privée, dans les repas, dans les
promenades, dans les réunions intimes, le magistrat s’efface pour
faire place au père, simple particulier ; et la dignité paternelle
reprend les droits que lui donne la nature. Or, votre visite,
l'examen que je fais avec vous de ces sortes de procédés, tout
appartient à la vie privée ; jouis donc chez moi, dit Taurus, des
droits et des honneurs dont il est juste que tu jouisses chez toi. »
Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/94
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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II