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AU SPITZBERG.

rent à terre : M. Gaimard nous présenta tout cet état-major. Je reçus une vingtaine de saluts auxquels je répondis par autant de révérences ; mon mari reçut de ces messieurs l’accueil le plus cordial, puis on s’occupa immédiatement de notre départ pour le Spitzberg. La corvette, en quittant Brest, s’était arrêtée quelques jours aux iles Feroë : de là un retard qui ne lui permettait pas de séjourner à Hammerfest. On résolut cependant de profiter de l’arrivée du bateau à vapeur de Drontheim, attendu le lendemain, pour faire une excursion à Havesund, près le cap Nord.

Le commandant du bateau à vapeur consentit à retarder son départ d’un jour pour favoriser cette petite expédition, et un matin, à sept heures, par un temps pur et une mer calme, nous partîmes pour Havesund. À midi nous étions arrivés.

Havesund est une petite baie bien abritée, où se trouve une seule habitation ; cette maison, bâtie en bois, solide, vaste, peinte en gris, est en tout semblable à celle des marchands aisés d’Hammerfest. Havesund mérite pourtant une mention à part, une attention spéciale.

Havesund est le dernier logis humain du globe, le dernier lieu habité de la limite nord de l’Europe. Avec quel recueillement ne regarde-t-on pas sur un rocher élevé cette pauvre maison, posée en face de l’Océan immense ! Havesund, c’est le cap de l’homme sur l’infini de la solitude ! Entre Havesund, où il y a un jour de trois mois et une nuit de trois mois, et le pôle, l’axe du monde, où l’année se partage en un seul jour et une seule nuit, il n’y a que