Page:Aurel - Sans halte.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


RANI

Rani la très petite reine, après avoir été longtemps projetée d’abîme en abîme, rouvrit enfin ses yeux d’ambre trop pâle, de l’autre côté de la vie.

Et de revoir le même Ciel, supportant les mêmes plus hagardes étoiles, Rani somptueusement s’ennuie.

Elle aspire à de plus surprenants paysages, aux plus définitifs départs. Elle referme ses long yeux décolorés d’attentes : La mort n’est qu’un sursaut trop violent de la vie : elle veut mourir à la mort.

Elle souhaite dépasser dans sa course à d’autres abîmes l’horreur prévue de celui-ci ; elle sent que tout ce qu’elle a rêvé l’appelle quoiqu’elle en ait perdu l’orientation, qu’on ne rêve rien qui ne soit, que rien en elle n’a tremblé de sa palpitation entière, et que le monde lui est dû.

Elle veut parcourir son être devant la puissance duquel nuls chocs n’ont pu la mettre encore.

Elle croit la terreur féconde, et longtemps désire l’effroi qui stupéfiant l’individu, nous courbe aux grands mouvements de l’espèce…

Mais de n’avoir aimé, frémi qu’à fleur de cœur, de ne