Page:Aurel - Sans halte.djvu/66

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De ces mots lui revint une sérénité. Elle se dévêtit lente et grave, décidée comme pour des noces. Puis elle alla dans la chambre voisine, embrasser sa fille endormie. Elle la regarda plus émue, et non ébranlée, et resta devant le souffle frêle, recueillie longtemps.

Plus que jamais, elle est sensible au halètement court, léger… doucement elle s’éprouve asservie à l’enfant qui attend tout d’elle…

D’avoir à tenir son enchantement de la petite main soyeuse et chère, une paix immense allège son cœur…

Ah ! loin d’elle l’artificiel souci de « lui nuire » ! Raymonde tentée, sent alors sa puissance d’attrait assez forte sur tous, pour défendre à jamais l’être qui dépend d’elle.

« Où voit-on que l’amour d’un homme puisse nous prendre à notre enfant ? Je ne t’ai jamais eue si profondément que ce soir. Rien ne peut s’agiter en moi, sans que la corde qui te touche aussi ne tremble. Si je laisse mon cœur voler vers plus de vie, ne t’emmène-t-il pas ? Quel autre amour pourrait ne pas m’attendrir sur toi ? Et si ton père, alors avait su m’être aimant, comme il advient aux femmes heureuses, t’en aurais-je donc moins aimée ? Il n’est pas à hauteur de l’homme d’atteindre en nous à cette fibre-là.

« Ce ne sont pas les jours où je souffre, que je t’attire. Je saurai mieux te plaire si l’on m’aime. Que j’aurai donc à t’être douce, pour expier — à mes seuls yeux, — mes autres joies !! Ce n’est pas à qui je demande, que je prends…

Elle fit un effort, d’une entière bonne foi, pour entre-