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Page:Austen - Emma.djvu/115

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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 4 juillet 1910 [20]




EMMA


par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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Mais le fait qu’il ait pu parler d’encouragement, supposer qu’elle avait compris ses intentions, imaginer que l’idée lui était venue de l’accepter comme mari, voilà qui était particulièrement odieux. Cet homme se jugeait l’égal, comme situation et comme intelligence, de Mlle Woodhouse ! Il avait pour Harriet un dédain complet, comprenant à merveille la hiérarchie sociale au-dessous de lui et en même temps l’ignorant complètement au-dessus. Peut-être n’était-il pas juste de lui demander d’apprécier la différence qui existait, entre eux touchant les facultés et les raffinements de l’esprit ; cette inégalité même formant un obstacle à la perception d’une supériorité de ce genre ; mais il ne pouvait ignorer que, tant par la fortune que par la situation sociale, elle lui était grandement supérieure ; il devait savoir que les Woodhouse, la branche cadette d’une très ancienne famille, se trouvaient établis à Hartfield depuis plusieurs générations. L’importance foncière de Hartfield, à vrai dire, n’était pas considérable, la propriété ne formant qu’une sorte d’enclave dans le domaine de Donwell Abbey ; mais leur fortune par ailleurs était si considérable qu’ils se trouvaient être de bien peu inférieurs aux propriétaires de Donwell Abbey. Les Woodhouse tenaient depuis fort longtemps une place élevée dans la considération de leurs voisins, quand M. Elton était arrivé, il y avait deux ans à peine, pour faire son chemin comme il le pourrait, sans alliances sauf dans le commerce, sans rien pour


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