Page:Austen - La Nouvelle Emma T1 et 2.djvu/416

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la jeune personne accomplie, qu’elle croyait être elle-même ; et quoiqu’elle le niât fortement alors, il y avait des instans où, s’examinant elle-même, sa conscience ne l’acquittait pas de cette accusation ; mais elle ne voulait pas lier connaissance avec elle : elle ne pouvait se rendre compte à elle-même des motifs qui l’en empêchaient : elle était si froide, si réservée, si indifférente, soit qu’elle plût ou non ; et puis, sa tante était si babillarde ! et elle faisait tant de fracas ! Ensuite on s’était imaginé qu’elles devaient être intimement liées : parce qu’elles étaient du même âge, tout le monde supposait qu’elles devaient s’aimer beaucoup. Telles étaient ses raisons ; elle n’en avait pas de meilleures. Cette aversion était très-injuste : chaque petit défaut était magnifié de telle manière, qu’elle ne revoyait jamais Jeanne Fair-