Page:Austen - La Nouvelle Emma T1 et 2.djvu/588

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essentiels, Emma n’était point du tout à son aise. Elle n’était pas sûre de n’avoir pas manqué aux égards qu’une femme doit à une autre, en manifestant les soupçons qu’elle avait sur l’attachement existant dans le cœur de Jeanne Fairfax à Frank Churchill. Ces soupçons étaient peut-être injustes, mais elle en avait eu une si forte idée, qu’il lui avait échappé d’en faire part à Frank, et la soumission qu’il montra, flattait tellement sa pénétration, qu’elle avait de la difficulté à décider si elle aurait mieux fait de parler que de se taire.

L’autre circonstance qui lui causait des regrets, avait également rapport à Jeanne Fairfax ; et celle-là ne lui laissait aucun doute. Elle reconnaissait d’une manière non équivoque, et de la meilleure foi du monde, que Jeanne touchait du piano et chantait infiniment mieux qu’elle. Elle déplora amè-