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le cœur d’Elizabeth un instant ému par la pensée d’un tel amour. Ces réflexions continuèrent à l’agiter jusqu’au moment où le roulement de la voiture de lady Catherine se fit entendre. Se sentant incapable d’affronter le regard observateur de Charlotte, elle s’enfuit dans sa chambre.




XXXV


À son réveil, Elizabeth retrouva les pensées et les réflexions sur lesquelles elle s’était endormie. Elle ne pouvait revenir de la surprise qu’elle avait éprouvée la veille ; il lui était impossible de penser à autre chose. Incapable de se livrer à une occupation suivie, elle résolut de prendre un peu d’exercice après le déjeuner. Elle se dirigeait vers son endroit favori lorsque l’idée que Mr. Darcy venait parfois de ce côté l’arrêta. Au lieu d’entrer dans le parc, elle suivit le sentier qui l’éloignait de la grand’route, tout en longeant la grille. Saisie par le charme de cette matinée printanière, elle s’arrêta à l’une des portes et jeta un coup d’œil dans le parc. L’aspect de la campagne avait beaucoup changé pendant les cinq semaines qu’elle avait passées à Hunsford et les arbres les plus précoces verdissaient à vue d’œil.

Elizabeth allait reprendre sa promenade lorsqu’elle aperçut une silhouette masculine dans le bosquet qui formait la lisière du parc. Craignant que ce ne fût Mr. Darcy, elle se hâta de battre en retraite ; mais celui qu’elle voulait éviter était déjà assez près pour la voir et il fit rapidement quelques pas vers elle en l’appelant par son nom. Elizabeth fit volte-face et revint vers la porte. Mr. Darcy y arrivait en même temps qu’elle, et, lui tendant une lettre qu’elle prit instinctivement, il lui dit avec un calme hautain :

— Je me promenais par ici depuis quelque temps