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Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/290

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— Lizzy, je ne vous ai jamais raconté mon mariage, je crois ; vous n’étiez pas là quand j’en ai parlé à maman et aux autres. N’êtes-vous pas curieuse de savoir comment les choses se sont passées ?

— Non, en vérité, répliqua Elizabeth ; je suis d’avis que moins on en parlera, mieux cela vaudra.

— Mon Dieu ! que vous êtes étrange ! Tout de même, il faut que je vous mette au courant. Vous savez que nous nous sommes mariés à Saint-Clément parce que Wickham habitait sur cette paroisse. Il avait été convenu que nous y serions tous à onze heures ; mon oncle, ma tante et moi devions nous y rendre ensemble, et les autres nous rejoindre à l’église. Le lundi matin, j’étais dans un état ! J’avais si peur qu’une difficulté quelconque ne vînt tout remettre ! Je crois que j’en serais devenue folle… Pendant que je m’habillais, ma tante ne cessait de parler et de discourir, comme si elle débitait un sermon ; mais je n’entendais pas un mot sur dix, car vous supposez bien que je ne pensais qu’à mon cher Wickham. J’avais tellement envie de savoir s’il se marierait avec son habit bleu !

« Nous avons déjeuné à dix heures, comme d’habitude. Il me semblait que l’aiguille de la pendule n’avançait pas ; car il faut vous dire que l’oncle et la tante ont été aussi désagréables que possible, tout le temps que je suis restée avec eux. Vous me croirez si vous voulez, mais on ne m’a pas laissée sortir une seule fois pendant toute cette quinzaine ! Pas une petite réunion, rien, rien ! Assurément Londres était à ce moment assez vide ; mais enfin, le Petit Théâtre était encore ouvert !… Pour en revenir à mon mariage, la voiture arrivait devant la porte lorsque mon oncle fut demandé par cet affreux homme, Mr. Stone, — et vous savez qu’une fois ensemble, ils n’en finissent plus. — J’avais une peur terrible de les voir oublier l’heure, ce qui aurait fait remettre mon mariage au lendemain ; et nous ne pouvions nous passer de mon oncle qui devait me conduire à l’autel. Heureusement, il est