Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/312

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Elizabeth. Les invités étaient bien choisis, tout le monde se convenait. J’espère que de telles réunions se renouvelleront.

Elizabeth sourit.

— Lizzy, ne souriez pas. Vous me mortifiez en prenant cet air sceptique. Je vous assure que je puis jouir maintenant de la conversation de Mr. Bingley comme de celle d’un homme agréable et bien élevé, sans la plus petite arrière-pensée. Je suis absolument persuadée, d’après sa façon d’être actuelle, qu’il n’a jamais pensé à moi. Il a seulement plus de charme dans les manières et plus de désir de plaire que n’en montrent la plupart des hommes.

— Vous êtes vraiment cruelle, repartit Elizabeth. Vous me défendez de sourire, et vous m’y forcez sans cesse… Excusez-moi donc, mais si vous persistez dans votre indifférence, vous ferez bien de chercher une autre confidente.




LV


Peu de jours après, Mr. Bingley se présenta de nouveau, et cette fois seul. Son ami l’avait quitté le matin pour retourner à Londres, et il devait revenir une dizaine de jours plus tard. Mr. Bingley resta environ une heure et montra un entrain remarquable. Mrs. Bennet lui demanda de rester à dîner, mais il répondit qu’à son grand regret il était déjà retenu.

— Pouvez-vous venir demain ?

Oui ; il n’avait point d’engagement pour le lendemain, et il accepta l’invitation avec un air de vif contentement.

Le lendemain, il arriva de si bonne heure qu’aucune de ces dames n’était encore prête. En peignoir et à demi coiffée, Mrs. Bennet se précipita dans la chambre de sa fille.

— Vite, ma chère Jane, dépêchez-vous de des-