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Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/41

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— S’il en est ainsi, je ne suis pas surprise que vous ne connaissiez pas plus d’une demi-douzaine de femmes accomplies. Je m’étonne plutôt que vous en connaissiez autant.

— Êtes-vous donc si sévère pour votre propre sexe ?

— Non, mais je n’ai jamais vu réunis tant de capacités, tant de goût, d’application et d’élégance.

Mrs. Hurst et miss Bingley protestèrent en chœur contre l’injustice d’Elizabeth, affirmant qu’elles connaissaient beaucoup de femmes répondant à ce portrait, lorsque Mr. Hurst les rappela à l’ordre en se plaignant amèrement de ce que personne ne prêtait attention au jeu. La conversation se trouvant suspendue, Elizabeth quitta peu après le salon.

— Elizabeth Bennet, dit miss Bingley dès que la porte fut refermée, est de ces jeunes filles qui cherchent à se faire valoir auprès de l’autre sexe en dénigrant le leur, et je crois que beaucoup d’hommes s’y laissent prendre ; mais c’est à mon avis un artifice bien méprisable.

— Sans aucun doute, répliqua Darcy à qui ces paroles s’adressaient spécialement, il y a quelque chose de méprisable dans tous les artifices que les femmes s’abaissent à mettre en œuvre pour nous séduire.

Miss Bingley fut trop peu satisfaite par cette réponse pour insister davantage sur ce sujet.

Lorsque Elizabeth reparut, ce fut seulement pour dire que sa sœur était moins bien et qu’il lui était impossible de la quitter. Bingley insistait pour qu’on allât chercher immédiatement Mr. Jones, tandis que ses sœurs, dédaignant ce praticien rustique, jugeaient qu’il vaudrait mieux envoyer un exprès à Londres pour ramener un des meilleurs médecins. Elizabeth écarta formellement cette idée, mais elle accepta le conseil de Mr. Bingley et il fut convenu qu’on irait dès le matin chercher Mr. Jones si la nuit n’apportait aucune amélioration à l’état de miss Bennet. Bingley avait l’air très inquiet et ses sœurs se déclaraient