Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/98

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beth, contrariée par l’apostrophe de son père, regretta son intervention.

On invitait maintenant d’autres personnes à se faire entendre.

— Si j’avais le bonheur de savoir chanter, dit Mr. Collins, j’aurais grand plaisir à charmer la compagnie car j’estime que la musique est une distraction innocente et parfaitement compatible avec la profession de clergyman. Je ne veux pas dire, cependant, que nous soyons libres d’y consacrer beaucoup de temps. Le recteur d’une paroisse est très occupé : quand il a composé ses sermons et rempli les devoirs de sa charge, il lui reste bien peu de loisirs pour les soins à donner à son intérieur qu’il serait inexcusable de ne pas rendre aussi confortable que possible. D’autre part, il doit avoir le souci constant de se montrer plein d’égards pour tous, et en particulier pour la famille de laquelle il tient son bénéfice. C’est une obligation dont il ne saurait se dispenser et, pour ma part, je ne pourrais juger favorablement celui qui négligerait une occasion de témoigner son respect à toute personne apparentée à ses bienfaiteurs.

Et par un salut adressé à Mr. Darcy, il conclut ce discours débité assez haut pour être entendu de la moitié du salon. Plusieurs personnes le regardèrent avec étonnement, d’autres sourirent, mais personne ne paraissait plus amusé que Mr. Bennet tandis que sa femme, avec un grand sérieux, félicitait Mr. Collins de la sagesse de ses propos et observait à voix basse à lady Lucas que ce jeune homme était fort sympathique et d’une intelligence remarquable.

Il semblait à Elizabeth que si sa famille avait pris tâche, ce soir-là, de se rendre ridicule, elle n’aurait pu le faire avec plus de succès. Heureusement qu’une partie de cette exhibition avait échappé à Mr. Bingley ; mais la pensée que ses deux sœurs et Mr. Darcy n’en avaient pas perdu un détail lui était fort pénible, et elle ne savait si elle souffrait plus du mépris silencieux