Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/136

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Elisabeth rougit et se mit à rire. « Oui, vous connoissez en effet ma franchise. Après vous avoir dit en face tant de mal de vous-même, je pouvois bien en dire autant à votre parente. „

« Vous n’avez rien dit de moi que je n’eusse mérité, car ma conduite étoit bien étrange, impardonnable même. »

« Il ne faut pas examiner lequel des deux eut plus de torts ce jour-là ; mais dès-lors nous sommes devenus bien plus polis tous les deux. „

« Je ne puis vous exprimer, „ reprit Darcy, d’un ton sérieux, “ combien je me suis fait de reproches à cette occasion. Vous me dites un mot qui me pénétra, et qui m’a horriblement tourmenté depuis. » Si votre conduite, “ me dites-vous, „ avoit été celle d’un homme comme il faut…… ah ! que cette expression qui d’abord me révolta, m’a paru ensuite bien méritée !

« J’étois loin d’y attacher tant d’importance, et je n’imaginois pas vous faire une impression si pénible. „

“ Certes, je le crois. Vous me regardiez alors comme un homme sans délicatesse. Je suis sûr que c’étoit-là votre opinion de moi. Je n’oublierai jamais l’expression de votre physionomie quand vous me dites que rien