Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/93

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tendant, Elisabeth eut le temps de réfléchir à la singularité de cette visite.

La gouvernante arriva. Elle étoit beaucoup plus polie et moins grande dame qu’Elisabeth ne se l’étoit représenté. Ils la suivirent dans la salle à manger. Elle étoit grande, ornée, et meublée avec goût. Elisabeth s’approcha d’une des croisées pour admirer la vue, qui s’étendoit au loin sur les détours de la rivière et de la vallée. L’effet en étoit enchanteur. À mesure qu’ils parcouroient les divers appartemens, Elisabeth en admiroit la noblesse. Partout les ameublemens, les sculptures et les divers ornemens étoient riches et de bon goût, mais sans recherche : il y avoit moins de luxe, mais plus de véritable élégance qu’à Rosings. Elle se répétoit à elle-même, qu’elle auroit pu être maîtresse de tout cela ; qu’elle auroit pu y avoir ses amis à demeure, y inviter son oncle et sa tante. “ Ah, non ! » se dit-elle ensuite, « on ne m’auroit pas permis de les inviter, et ils auroient été perdus pour moi. « Cette réflexion prévint un sentiment qui commençoit à tenir du regret.

Elle avoit envie de demander à la gouvernante si Mr. Darcy étoit bien véritablement absent ; mais elle ne l’osa pas. Son oncle fit cette question, et ils apprirent que