Page:Austen - Orgueil et Prevention 1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
ET PRÉVENTION

çut que M. Darcy, assis en face, pouvait entendre une partie de ses confidences. Elle le dit à Mme Bennet, qui, loin de l’écouter, lui répondit avec humeur :

« Je me soucie bien de M. Darcy ; pourquoi, je vous prie, craindrais-je de l’offenser ? Si ce que je dis ne lui convient pas, il peut se boucher les oreilles.

» — Pour Dieu, maman, parlez plus bas ; pensez-vous qu’offenser M. Darcy soit un sûr moyen de plaire à son ami ? »

Mais tout ce qu’elle put dire fut sans effet ; Mme Bennet n’en continua pas moins son discours. Élisabeth rougissait et de honte et de chagrin ; chaque regard qu’elle portait vers M. Darcy accroissait son tourment car, encore qu’il ne regardât pas toujours Mme Bennet, elle vit bien qu’il l’écoutait très-attentivement : ses traits exprimèrent tour à tour l’indignation et le mépris ; puis il prit un air grave et tranquille. À la fin cependant Mme Bennet n’eut plus rien à dire, et lady Lucas qui depuis long-temps s’ennuyait