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ET PRÉVENTION

pagne et la lecture, et ce fut à ce goût heureux qu’il dut sa consolation. L’ignorance et la folie de sa femme l’amusaient quelquefois, et il ne se gênait pas à cet égard, même en présence de ses enfans.

Élisabeth ne s’aveuglait pas sur la conduite de son père comme époux ; elle en sentait toute l’inconvenance ; mais respectant ses talens, et reconnaissante de la tendresse particulière qu’il lui témoignait, elle s’efforçait d’oublier ce qu’elle ne pouvait manquer d’apercevoir, et d’éloigner d’elle la triste pensée que cette négligence, et le manque absolu d’égards pour sa femme, étaient d’autant plus répréhensibles, que par là il l’exposait au mépris même de ses propres enfans ; mais jamais elle n’avait senti si vivement qu’à cette heure tous les dangers auxquels se devaient trouver exposés les enfans nés d’un mariage si mal assorti et combien il était malheureux que les talens aussi réels que ceux de M. Bennet fussent si mal employés ; car