Page:Austen - Orgueil et Prevention 3.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
ORGUEIL

causait en ce moment à sa chère amie, elle n’eût sans doute pas fait une semblable allusion ; mais tout son désir se bornait à embarrasser Élisabeth, en retraçant à sa pensée l’homme auquel elle la croyait attachée, et à lui faire montrer une sensibilité qui aurait pu lui nuire dans l’esprit de Darcy : peut-être aussi voulait-elle rappeler à ce dernier les folies et les inconvenances que ce corps avait fait faire à quelques-uns des parens d’Élisabeth. Jamais un seul mot sur l’enlèvement projeté de Mlle Darcy ne lui était parvenu ; ce secret n’avait été révèlé à aucun étranger, excepté à Élisabeth, et Darcy l’avait surtout soigneusement caché à la famille Bingley, ayant quelque désir (comme Élisabeth le croyait depuis long-temps) qu’elle en fît un jour partie. Ce projet, il est vrai, était le sien, et s’il ne fut point un des motifs qui le déterminèrent à éloigner Bingley de Mlle Bennet, toutefois il pouvait ajouter encore à l’intérêt si vif qu’il prenait au bonheur de cet ami.