Page:Austen - Persuasion.djvu/15

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exagérée, qui la rendait aveugle aux défauts des possesseurs de ces biens.

Veuve d’un simple chevalier, elle estimait très haut un baronnet, et Sir Walter avait droit à sa compassion et à ses attentions, non seulement comme un vieil ami, un voisin attentif, un seigneur obligeant, mari de son amie, père d’Anna et de ses sœurs, mais parce qu’il était Sir Walter.

Il fallait faire des réformes sans aucun doute, mais elle se tourmentait pour donner à ses amis le moins d’ennuis possible. Elle traça des plans d’économie, fit d’exacts calculs, et enfin prit l’avis d’Anna, qu’on n’avait pas jugé à propos de consulter, et elle subit son influence. Les réformes d’Anna portèrent sur l’honorabilité aux dépens de l’ostentation. Elle voulait des mesures plus énergiques, un plus prompt acquittement des dettes, une plus grande indifférence pour tout ce qui n’était pas justice et équité.

« Si nous pouvons persuader tout cela à votre père, dit lady Russel en relisant ses notes, ce sera beaucoup. S’il adopte ces réformes, dans sept ans il sera libéré, et j’espère le convaincre que sa considération n’en sera pas ébranlée, et que sa vraie dignité sera loin d’en être amoindrie aux yeux des gens raisonnables.