Page:Austen - Persuasion.djvu/238

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ment aux femmes. Non, je vous crois capables dans le mariage de toutes les grandes et nobles choses. Je crois que vous pouvez supporter beaucoup tant que… (permettez-moi de le dire), tant que vous avez un but. Je veux dire tant que la femme que vous aimez existe et vit pour vous. Le seul privilège que je réclame pour mon sexe (et il n’est pas très enviable, n’en soyez pas jaloux), c’est d’aimer plus longtemps quand il n’y a plus ni vie ni espoir. » Elle ne put en dire davantage ; son cœur était trop plein, sa poitrine trop oppressée.

— Vous êtes une bonne âme, s’écria le capitaine lui posant la main sur le bras avec affection. Il n’y a pas moyen de se quereller avec vous. Et puis ma langue est liée quand je pense à Benwick. »

Leur attention fut appelée ailleurs : Mme Croft s’en allait.

« Nous nous séparons ici, je crois, Frédéric. Je retourne chez moi, et vous, vous avez un rendez-vous avec votre ami. Ce soir, nous aurons le plaisir de nous rencontrer tous à votre soirée, » dit-elle à Anna. « Nous avons reçu hier l’invitation de votre sœur, et j’ai compris que Frédéric était invité aussi. Vous êtes libre, n’est-ce pas, Frédéric ? »