Page:Austen - Persuasion.djvu/241

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Après cette lecture, Anna fut longtemps à se remettre. Chaque instant augmentait son agitation : elle était comme écrasée de bonheur et avant qu’elle pût sortir de cet état violent, Charles, Marie et Henriette rentrèrent.

Elle s’efforça d’être calme, mais elle ne comprit pas un mot de ce qu’on disait. Elle fut obligée de s’excuser et de dire qu’elle était souffrante. On remarqua alors qu’elle était très pâle, qu’elle paraissait agitée et préoccupée, et l’on ne voulut pas sortir sans elle. Cela était cruel !… Si seulement on était parti, lui laissant la tranquille possession de cette chambre ! mais voir tout le monde autour d’elle lui donnait le vertige et la désespérait. Elle dit qu’elle voulait retourner chez elle.

« Certainement, ma chère, dit Mme Musgrove ; partez vite, et prenez soin de vous, afin d’être bien remise ce soir. Charles, demandez une voiture ; elle ne peut pas marcher. »

Aller en voiture, c’était là le pire, perdre la possibilité de dire deux mots au capitaine ! Elle ne pouvait supporter cette pensée. Elle protesta vivement, et on la laissa enfin partir.

« Soyez assez bonne, madame, dit-elle en sortant, pour dire à ces messieurs que nous espérons les avoir