Page:Austen - Persuasion.djvu/33

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aimée et respectée, si ferme et si tendre dans ses conseils, ne pouvait pas les donner en vain. Son opposition ne provenait pas d’une prudence égoïste : si elle n’avait pas cru consulter plus encore le bien du jeune homme que celui de sa filleule, elle n’aurait pas empêché ce mariage.

Cette conscience du devoir rempli fut la principale consolation de lady Russel, dans cette rupture.

Elle en avait grand besoin, car elle avait à lutter contre l’opinion, et contre Wenvorth. Celui-ci quitta le pays.

Quelques mois avaient vu le commencement et la fin de leur liaison ; mais le chagrin d’Anna fut durable. Ce souvenir assombrit sa jeunesse, et elle perdit sa fraîcheur et sa gaieté.

Sept années s’étaient écoulées depuis, et le temps seul avait un peu effacé ces tristes impressions. Aucun voyage, aucun événement extérieur n’était venu la distraire. Dans leur petit cercle, elle n’avait vu personne qu’elle pût comparer à Wenvorth ; son esprit raffiné, son goût délicat, n’avaient pu trouver l’oubli dans un attachement nouveau.

Elle avait vingt-deux ans, quand un jeune homme, qui bientôt après fut agréé par sa sœur, sollicita sa main. Lady Russel déplora le refus d’Anna, car