Page:Austen - Persuasion.djvu/58

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s’entretenait avec Anna, qui put ainsi établir une ressemblance avec son frère, sinon dans les traits, du moins dans la voix et la tournure d’esprit.

Mme Croft, sans être grande ni grosse, avait une carrure et une prestance qui donnaient de l’importance à sa personne. Elle avait de brillants yeux noirs, de belles dents et une figure agréable ; mais son teint hâlé et rougi par la vie sur mer lui donnait quelques années de plus que ses trente-huit ans. Ses manières ouvertes, aisées et décidées n’avaient aucune rudesse et ne manquaient pas de bonne humeur. Anna crut avec plaisir aux sentiments de considération exprimés pour la famille et pour elle-même, car, dès le premier moment, elle s’était assurée que Mme Croft n’avait aucun soupçon du passé. Tranquille sur ce point, elle se sentait pleine de force et de courage, quand ces mots de Mme Croft lui donnèrent un coup subit :

« C’est vous, n’est-ce pas, et non votre sœur que mon frère eut le plaisir de connaître quand il était dans ce pays ? »

Anna espérait avoir dépassé l’âge où l’on rougit ; mais certainement elle fut émue.

« Peut-être ne savez-vous pas qu’il est marié ? »

Elle ne sut quoi répondre ; et quand Mme Croft