Page:Austen - Persuasion.djvu/86

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avaient seulement une conscience de leur supériorité qui leur faisait patronner leurs cousines avec plaisir.

Henriette semblait avoir oublié son cousin ; on se demandait si elle était aimée du capitaine. Laquelle des deux sœurs préférait-il ? Henriette était peut-être plus jolie, Louise plus intelligente. Les parents, soit ignorance du monde, soit confiance dans la prudence de leurs filles, semblaient laisser tout au hasard et ne se préoccuper de rien.

Au cottage, c’était différent. Le jeune ménage semblait plus disposé à faire des conjectures, et Anna eut bientôt à écouter leurs opinions sur la préférence de Wenvorth. Charles penchait pour Louise, Marie pour Henriette, et tous les deux s’accordaient à dire qu’un mariage avec l’une ou avec l’autre serait extrêmement désirable. Wenvorth avait dû, d’après ses propres paroles, gagner 50 000 livres pendant la guerre ; c’était une fortune, et s’il survenait une autre guerre, il était homme à se distinguer.

« Dieu ! s’écriait Marie, s’il allait s’élever aux plus grands honneurs ! S’il était créé baronnet ! Lady Wenvorth ! cela sonne très bien. Quelle chance pour Henriette. C’est elle qui prendrait ma place en ce cas, et cela ne lui déplairait pas. Mais après tout, ce