Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
LA VIE RURALE.


Tranquille et pur, les mains en dehors de sa couche,
Il dort : n’en approchez qu’à pas silencieux.
Et toi, vole plus loin, vole, indiscrète mouche,
Qui viens de temps en temps te poser sur ses yeux !

Au fracas de l’airain, cloche ou canon qui gronde,
Dans un pli de la pourpre, à nos yeux présenté,
Quand un enfant naissait, futur maître du monde,
Autour de son berceau je n’ai jamais chanté.

Mais je te chanterai, d’une voix libre et fière.
Toi, pauvre nouveau-né, toi, fils de paysan !
Et l’héritier sans nom d’une obscure chaumière
M’aura pour son poëte et pour son courtisan.

Semez, semez des fleurs sur l’enfant qui repose ;
Ornez-le de vos dons, dirai-je à tes parrains.
Et je ne t’offrirai, moi, ni jasmin ni rose ;
Mais, symbole meilleur, l’épi chargé de grains !

À défaut des tributs qu’apportaient les Génies,
À défaut de la fée et de son vain trésor,
Que les anges du ciel, entre leurs mains bénies,
T’apportent les vertus qui valent mieux que l’or !