Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
LA VIE RURALE.

Peut respirer, choisir un lit de gazon fin,
Admirer, à travers les arcades sans nombre,
Ce jour mystérieux que tamise leur ombre,
Voir les chênes touffus se mêler aux pins verts,
Et, paresseusement, rêver les yeux ouverts.

À son rêve pourtant imprudent qui se livre !
L’influence des bois est puissante, elle enivre.
Tel honnête croyant qui, sans songer à mal,
Voulait fuir seulement un soleil tropical,
Pour peu qu’il ait traduit un demi-chant d’Homère,
Se prend à regretter mainte folle chimère.
Il pense que les dieux — ainsi pensait Boileau —
Ne méritaient pas tous d’être jetés à l’eau,
Et que du moins, au jour des rigueurs vengeresses,
Il eût été courtois d’épargner les déesses !

Alors, s’il voit briller dans l’épaisseur du bois
Une blanche lueur, — si, prenant une voix,
Les brises de midi courent dans les feuillées :
« Oh ! dit-il, est-ce vous, seriez-vous réveillée,
Nymphes au pied furtif, dryades, folles sœurs,
Que poursuivaient jadis les faunes ravisseurs ?
Daphné, Syrinx, Églé, dans l’ombre verte et douce,