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LA VIE RURALE.

S’y cache-t-il au flanc d’une grotte profonde ?
Y poursuit-il sans fin sa course vagabonde ?
C’est un secret pour tous : des épaisseurs du bois
La justice revient elle-même aux abois.

Non loin de la forêt, à Menerbe, une fille
Demeure, franc lutin gâté par sa famille.
On n’imagine pas l’audace de ses tours.
Son père, gros meunier, qui l’eut en ses vieux jours,
Philosophe d’ailleurs pétri de tolérance,
Prétend qu’elle a le cœur bon… malgré l’apparence.
Du haut de son œil noir et de son nez malin,
Elle mène à son gré la ferme et le moulin.
Ainsi faite, unissant les caprices aux grâces,
On juge si les cœurs sont nombreux sur ses traces.

Le fils du magister, depuis tantôt deux ans,
Le premier se distingue entre ses courtisans.
Honorable parti. Tout le monde à Menerbe
Vante les qualités du soupirant imberbe :
Il a par sa candeur des airs de séraphin,
Il est très-haut de taille, il sait écrire en fin ;
Quand son père, parfois, s’absente de la classe,
Suppléant grave et digne, il occupe sa place,