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LA VIE RURALE.


Au fond des eaux verdoie un tapis de cresson.
La surface est toujours paisible ;
On y devine à peine, à son léger frisson,
Le vol d’un insecte invisible.

Quelques femmes jadis, venant laver au bord,
Égayaient parfois ce silence ;
Elles ne viennent plus, et l’eau maintenant dort,
Et l’herbe tombe en somnolence.

Penchez-vous, écoutez : aucun tressaillement,
Pas un soupir qui vous réponde ;
Rien que le morne azur, l’azur du firmament
Qui se renverse dans cette onde.

Le ciel s’y réfléchit, de l’un à l’autre mur,
Avec son groupe de nuages ;
Et l’on s’étonne, là, qu’un flot peut-être impur
Rende aux yeux de telles images !

Et ce ciel dans cette eau, ces herbes du bassin,
Ces murs dont la pierre s’affaisse,
Tout ce tableau de deuil vous fait monter au sein
Un flot débordant de tristesse.