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LA MÉTAIRIE

Et revient chaque fois plus tard et moins obscur !
Sous ce voile flottant, qu’un dernier rayon dore,
Toute chose à mes yeux s’attendrissait encore ;
Les prés et les coteaux, les bois vus à demi,
Tout semblait m’accueillir d’un regard plus ami.
Le long des chemins creux, marchant sous les feuillages,
Les bouviers ramenaient leurs pesants attelages.
Le repos s’étendait sur les sillons déserts.
Tout à coup, une voix dans le calme des airs
S’éleva ; du hameau la solitaire cloche
Murmurait l’Angélus à la nuit qui s’approche.
Te le dirai-je, ami ? l’accord lent et pieux
Fit courir de mon cœur une larme à mes yeux.
Au sein de ce Paris, vaste foule en démence
Qui couvre toute voix de sa rumeur immense,
Et parmi les conseils n’entend que les mauvais,
Je l’avais désappris ce doux accord, j’avais
Oublié cette voix, des vallons si connue,
Qui de l’âme et de Dieu nous parle sous la nue !

La sombre nuit tombait, lorsque, doublant le pas,
J’atteignis le portail, qui ne m’attendait pas,
Et que le vieux gardien de la maison déserte
Vint m’en ouvrir le seuil, tout surpris de l’alerte :