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LA MÉTAIRIE

Dormir dans une alcôve aux bornes de la terre !
Chaque fois qu’on s’éveille, on écoute… Aucun bruit ;
Si ce n’est, par moments, un chien qui dans la nuit
Aboie, un chant de coq d’une ferme lointaine,
Ou, limpide et profond, le bruit d’une fontaine.

J’entendis cependant une plus belle voix.
Au milieu de la nuit, le Roméo des bois,
Le chantre qui se fait entre tous reconnaître,
Vingt fois improvisa, juste sous ma fenêtre.
Comme vous restez loin de ce chant des buissons,
Ténors à si haut prix, que nous applaudissons !
De ma jeunesse éteinte ô voix plaintive et tendre,
Est-ce toi qui là-bas venais te faire entendre ?
Est-ce vous, jours passés, printemps mélodieux,
Qui, dans ce chant d’oiseau, remontiez vers les cieux ?

L’aube parut bientôt, riante, pavoisée,
Et, d’un premier sourire, égayant ma croisée :
Aube d’avril, salut ! J’entendis dans la cour
Les hommes s’appelant pour le travail du jour,
Et hâtant leurs apprêts. De la fenêtre ouverte,
Je voulus contempler les bois, la plaine verte,
Toute image encor chère à mon cœur, à mes yeux,