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LA VIE RURALE

On sent que ce pasteur, apte à d’autres emplois,
N’a pas toujours mené des moutons par les bois ;
Qu’au printemps de ce siècle, aube déjà lointaine,
Enfant, il a dû voir l’immortel capitaine ;
Qu’au bruit de ses clairons il a réglé son pas,
Et qu’il fut des premiers et des derniers combats !

Donc, sur le gazon vert, couché comme Tityre,
Il épelait son livre, — heureux de savoir lire !
Son avide regard, sans quitter le feuillet,
D’un éclair de plaisir de temps en temps brillait ;
Et sa bouche parfois, d’un accent militaire,
Lançait un de ces mots qu’une Muse doit taire.
Que pouvait-il donc lire ainsi de tout son cœur ?
Il lisait ce volume où, vaillant chroniqueur,
Tu contes si gaîment à la France étourdie
Nos batailles d’hier en pleine Lombardie,
Guerre qu’un jour ou l’autre il faudra regretter,
Héroïque pourtant et bonne à raconter,
Où l’on voit nos soldats, devant qui fuit l’Autriche,
Ensemencer de gloire un sol déjà si riche,
Et, de Gêne à Milan, réveiller, fils joyeux,
L’écho des grands combats livrés par leurs aïeux !