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À UN ABSENT.

Qui sur nos beaux esprits, vassaux de son domaine,
Rédige sa sentence une fois par semaine ;
Qui, sans faiblesse au cœur et sans trouble au cerveau,
Dit son mot, dit son fait à tout livre nouveau,
Mêlant beaucoup de grâce à beaucoup de malice,
Des faux dieux quelquefois faisant bonne justice,
Sévère par boutade et cruel par hasard,
Plus souvent généreux, — et de qui, pour ma part,
Au sujet de telle œuvre, hélas ! peu méritoire,
Je fus trop caressé de louange et de gloire ;
Ce n’est pas à cet homme ondoyant et divers
Que j’envoie une prose à cadences de vers :
C’est au sage, au penseur qui du monde s’exile
Par intervalle, et cherche au désert un asile ;
C’est au maire d’un bourg solitaire, inconnu,
Tranquille, où de Paris jamais bruit n’est venu !

Oui, maire de village, un archonte champêtre ;
Tu l’es, ami, tu l’es… et tu fais bien de l’être !
Il est bon que parfois, noble esprit et grand cœur,
Et fort sur l’épigramme à narguer tout moqueur,
Un homme aille trouver une pauvre Commune,
Et, touché de ses maux, prenne en main sa fortune.
Le pays n’a que trop de ces lourds magistrats,