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LA VIE RURALE.

Une langue, en un mot, qui fait honte à la sienne.

Homme rare, qui joins l’esprit au dévoûment !
J’irai te voir, un jour, dans ton gouvernement.
D’un long désir, d’ailleurs, j’aspire à les connaître,
Ces ombrages, ces champs qui te nomment leur maître,
Ces hauteurs d’où tu vois les monts, rideau vermeil,
Et les tours d’Avignon si blondes au soleil !
À tes graves labeurs mêlant nos causeries,
Nous irons, un matin, parcourant les prairies.
Tu me diras alors, le long du vert sentier,
Quel est le plus ingrat ou le plus doux métier,
Quelle tâche, à ton sens, est la moins difficile,
D’apporter la raison au village docile,
D’extirper des cerveaux cent préjugés anciens,
D’accorder tous les droits, en maintenant les siens ;
De tenir un budget, où l’équilibre est rare,
Sans prodigue dépense et sans épargne avare ;
D’exécuter beaucoup avec très-peu d’argent ;
Que dirai-je de plus ? en un péril urgent,
Pont qui s’écroule, ou toit d’église qui s’enfonce,
D’obtenir du ministre une prompte réponse ;
Ou bien d’être à Paris un brillant écrivain
Qui s’élève au succès et n’en est pas plus vain ;