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LA VIE RURALE.

Bientôt sur les hauts lieux que l’aigle seul habite,
Dieu désigne sa place au toit du cénobite ;
C’est là que vous irez bâtir pour vos essaims
Ces ruches du Seigneur, ces tours, ces châteaux saints
Dont le sceau de vos vœux refermera les portes ;
C’est là que vous irez, légions d’âmes fortes,
De l’aube au soir, du soir à l’aube, incessamment,
Veiller, prier, chanter, bénir le Dieu clément,
Fléchir le Dieu jaloux que l’amour seul désarme ;
Et d’avance au linceul vous coucher sans alarme ;
Et rallumer l’étude, et de vos pâles mains
Arracher aux vieux jours leurs doctes parchemins ;
Et, de ces purs sommets où l’aurore a son trône,
Verser en même temps la science et l’aumône !

Tant de bienfaits, pourtant, par vos mains répandus,
Ni les âpres déserts aux cultures rendus,
Ni ce constant labeur dans un double domaine,
Qui, non moins que le sol, fécondait l’âme humaine ;
Ni ce spectacle, enfin, à qui l’ange sourit,
De la chair immolée au règne de l’esprit ;
Rien ne put trouver grâce à l’heure des tempêtes ;
Rien de leurs attentats ne put sauver vos têtes !
Un jour vint où, saisi d’une aveugle fureur,