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L’USINE.

Tel est, sévère esprit, dans ta prose nouvelle,
Un exemple des mœurs que ton pinceau révèle :
Chaos dont nul rayon n’éclaire la noirceur ;
Formidables tableaux, qui font que le penseur
Hésite, ballotté de problème en problème,
Et qui de l’homme heureux glacent le bonheur même !

Afin que cette empreinte en moi se grave mieux,
Sur un de tes feuillets j’avais fermé les yeux :
Quand je les ai rouverts, j’ai vu, changeant de scène,
Un groupe de fermiers qui traversaient la plaine.
Troupe heureuse ! Autour d’eux, la campagne et les bois
Riaient, et les oiseaux chantaient à pleine voix.
Le chef de la tribu, grave et doux patriarche,
S’avançait au milieu, ferme encore en sa marche ;
À sa droite, une femme au front pur, à l’air sain,
Allait, portant un fils qui pendait à son sein.
Deux autres folâtraient sur la verte pelouse.
Enfin, jeune et robuste, à côté de l’épouse,
Un homme cheminait et lui montrait du doigt
Le verger tout en fleurs d’où s’élevait leur toit.

Te voilà bien, disais-je, en ton plus vrai domaine,
Te voilà bien chez toi, noble famille humaine,