Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/246

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Toi, si longtemps fidèle à Charles, notre maître,
De passer dans les mains d’un païen et d’un traître !
Plutôt que de descendre à cette honte. hélas !
Mieux vaut pour toi périr et voler en éclats ! »
D'un vieux bloc de sardoine, à ces mots, il s’approche.
Et d’un reste de force il frappe sur la roche :
L’étincelle jaillit ; mais, solide à son poing,
L’acier brise la pierre et ne s’émousse point.
Pourrait-elle gauchir, cette arme consacrée
Qui porte un saint trésor sous sa garde dorée,
Des cheveux de la Vierge en tresse réunis,
Une dent de saint Pierre, un os de saint Denis ?

« O mon épée, ô chère et vaillante compagne,
Que n’avons-nous pas fait pour le roi Charlemagne !
S’écriait le baron. Sous les cieux étonnés,
Que de glorieux coups n’avons-nous pas donnés !
Par toi, noble instrument de tournois et de guerre,
J’ai soumis à mon roi presque toute la terre.
J’ai pris la région des Normands ; j’ai conquis
La Gascogne et l’Anjou, dont je suis le marquis,
La terre des Bretons, qui dans les eaux s’avance,
Et la fière Lorraine et la belle Provence !
L’Écosse a vu briller ton redoutable éclair.